Jours de sable d’Aimée de Jongh

Ma note : 4,5/5

Fiche technique et résumé de l’éditeur

Titre : Jours de sable
Auteur : Aimée de Jongh
Éditeur : Dargaud
Date de sortie : 2022
Nombre de pages : 288 pages

Résumé : Washington, 1937. John Clark, journaliste photoreporter de 22 ans, est engagé par la Farm Security Administration, l’organisme gouvernemental chargé d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Sa mission : témoigner de la situation dramatique des agriculteurs du Dust Bowl. Située à cheval sur l’Oklahoma, le Kansas et le Texas, cette région est frappée par la sécheresse et les tempêtes de sable plongent les habitants dans la misère.

En Oklahoma, John tente de se faire accepter par la population. Au cours de son séjour, qui prend la forme d’un voyage initiatique, il devient ami avec une jeune femme, Betty. Grâce à elle, il prend conscience du drame humain provoqué par la crise économique. Mais il remet en question son rôle social et son travail de photographe…

Ce que j’en ai pensé

Le Dust Bowl, vous connaissez ? Au cœur de l’Amérique, certains États centraux sont frappés par ce phénomène de tempête de sable. Il se déroule sur une plusieurs années entre 1930 et 1936. Il est dû à de mauvaises conditions d’agriculture et à l’absence de pluie.

Dans cette magnifique bande dessinée, Aimée de Jongh raconte grâce à des personnages fictifs un fait réel peu connu qui a fait des ravages pendant des années, véritable catastrophe climatique et humanitaire. Se pose aussi, en double lecture, la question de la place de la photographie.

John Clark est photographe new-yorkais. Il est embauché par la Farm Security Administration pour aller en Oklahoma photographier une série d’éléments (il a une liste) et montrer au pays entier la famine, les fuites des habitants, les maisons abandonnées, les champs ravagés. Le but ? Utiliser la photographie pour montrer le mal aux Américains non concernés par le problème. Qu’importe s’il faut mettre un peu en scène les prises de vue. Le choc ! C’est ce qu’on attend des photos de John.

La poussière est omniprésente. Elle tue les habitants, les affame et les assèche. Jeune et consciencieux, John tente de faire tous les clichés de sa liste, se rendant à peine compte qu’il insulte les habitants en essayant de montrer le pire de leur vie. Petit à petit le questionnement fait son chemin. Quel est le sens de la photographie ? Que fait-on du hors cadre ? Est-ce une manipulation de la réalité ?

Côté dessin, j’ai parfois cru manger du sable tellement l’ambiance au cœur de la tempête est bien dessinée. Les traits sont hachurés et on ressent les grains qui fouettent tout sur leur passage. Les photos de l’époque du Dust Bowl qui ouvrent chaque chapitre sont encore une fois un ancrage dans la réalité e apportent une force au récit.

Bref, une belle BD sur un double sujet passionnant !